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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

devant une maison somptueuse. Il y demanda l’hospitalité pour la nuit. L’hôte de la maison l’accueillit très cordialement. Le lendemain matin, avant de quitter cette maison hospitalière, le jeune homme alla prendre congé de son hôte. Celui-ci, d’un air fort triste, lui demanda d’où il venait et où il allait. Il lui répondit alors qu’il était un voyageur sans but. Puis, mis en confiance par l’air noble de son hôte, il lui raconta toute son histoire, et lui demanda s’il ne pourrait pas lui avancer une somme de cent mille liangs pour qu’il pût racheter la vie de son père.

— « Vous pouvez avoir cette somme nécessaire pour sauver votre père, dit tout à coup l’aimable hôte après un long silence, mais à une condition… » Il s’interrompit brusquement.

— « Parlez, seigneur, ne craignez rien ! J’accepte d’avance toutes les conditions que vous me proposerez ! A-t-on le droit d’hésiter de faire quoi que ce soit quand il s’agit de sauver son père ! »

— « Jurez d’abord que vous garderez en secret ce que je vais vous dire quand même vous n’accepteriez pas ma proposition. »

Le jeune homme ayant juré, l’hôte continua :

— « Eh bien, voici : Mon fils unique doit épouser d’ici un mois la fille d’un Seigneur lointain. Or, mon fils est… at…teint subitement d’une cruelle maladie, la lèpre !… Je ne voudrais pas qu’on le sache avant son mariage, dit-il en abaissant sa voix. Je vous demande donc de bien vouloir le remplacer seulement pendant les deux ou trois jours de la cérémonie nuptiale, bien entendu, sans qu’on le sache. Et à condition que