UN POISON PRÉCIEUX
Le percepteur général du Royaume de la Corée dilapida au jeu une somme de cent mille liangs[1] du Trésor royal. On l’arrêta donc, et le Roi, furieux, prononça en personne la sentence suivante :
— « Dans un délai de deux mois si la somme de cent mille liangs n’est pas versée au Trésor, le percepteur général sera exécuté. »
Les deux enfants du percepteur, un garçon de vingt ans et une jeune fille de dix-huit, cherchèrent vainement le moyen de sauver leur père chéri. Un jour le garçon quitta le foyer familial en se disant « Peut-on être digne de vivre si on laisse mourir son père en prison !… Ah ! si la perte de ma vie pouvait sauver celle de mon père !… »
Ainsi, sans savoir où, le pauvre désespéré partit comme un fou. Au coucher du soleil il arriva
- ↑ Liang : C’est une somme d’argent composée de dix « don » ou cent « poun ». Le poun est l’unité la plus basse de la monnaie coréenne qui correspond à peu près à trois centimes français.