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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

n’avait d’ailleurs jamais vue, mais dont il craignait la prodigieuse beauté.

Les premiers temps il travailla beaucoup pour mettre sa nouvelle administration en parfaite harmonie avec sa volonté. Un jour, invité par un délicieux soleil de cette fin d’été, il partit en promenade à travers la ville. Après avoir visité les monuments historiques dont cette ville était particulièrement riche, il descendit vers le soir la pittoresque vallée du fleuve « Dai-Dong ». Soudain un son mélodieux attira ses regards vers la plaine mouvante du flot. Et il y vit une magnifique barque avec une très belle joueuse de lyre ! La barque s’approchait peu à peu du rivage et le gouverneur l’examinait avec attention. La beauté de cette femme était telle qu’il crut d’abord voir un ange dont il n’avait eu l’idée que dans les contes de fées.

— « Ça doit être cette fameuse Nénuphar-Rouge » pensa-t-il. Il l’interpella gravement :

— « Quelle est cette personne qui se trouve dans cette barque ? »

— « C’est une danseuse de la ville, Seigneur », répondit-elle.

— « Alors, quel est votre nom ? »

— « Je m’appelle Pêche-de-Jade, Seigneur. »

« Pêche-de-Jade, murmura-t-il tout seul, quelle peut être la beauté de cette Nénuphar-Rouge, alors ! » Le gouverneur perdit déjà la tête devant cette danseuse dont les doigts délicats voltigeaient gracieusement sur les cordes de sa lyre. Il lui offrit de l’accompagner. Pêche-de-Jade l’accueillit dans sa barque avec mille grâces.

Pêche-de-Jade n’était autre que cette fameuse