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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

reusement un bonze d’un temple voisin, qui passait juste à ce moment en cet endroit sauva le malheureux aveugle. Celui-ci, débordant de reconnaissance, lui demanda son nom.

— « Je suis le bonze d’un temple voisin d’ici. D’ailleurs vous n’avez pas à me remercier, tout homme à ma place aurait fait la même chose. »

— « Ah ! vous êtes vraiment bon, je vous dois la vie, murmura Sim Bonsa, vous voyez, je ne suis qu’un malheureux mortel. Vivre pendant toute l’existence dans les ténèbres ! Quoi de plus malheureux que cela ! Est-ce que le tout-puissant Bouddha ne pourrait pas me rendre la vue ? »

— « Ah ! si, répondit le bonze, vous pouvez retrouver la vue, seulement avez-vous ce qu’il faut ? »

— « Que faut-il donc faire ? » demanda Sim Bonsa d’un air suppliant.

— « Si vous pouviez faire une offrande de 300 sacs de bon riz au Bouddha de notre temple vous retrouveriez la vue. »

Sim Bonsa qui ne s’attendait pas à une telle nouvelle répondit étourdiment qu’il ferait cette offrande. Cependant en réfléchissant son air devint aussitôt grave et triste, puis il s’en alla à tâtons tout en remerciant encore une fois son sauveur.

Dès son retour à la maison, Sim Bonsa raconta à sa fille l’accident de la journée qui aurait pu tourner au tragique et l’heureuse rencontre d’un bonze. Sim Tchun l’écoutait les larmes aux yeux et rendait sans cesse grâce au généreux bonze. Sim Bonsa silencieux et mélancolique, poussait de temps en temps de longs soupirs significatifs.