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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

mercier je viens ici bénir sa future belle-fille » dit-il tout en versant sur ma tête un flacon de parfum délicat dont je savourai pendant un instant l’odeur exquise. Depuis lors, je sentais que quelque chose d’extraordinaire se passait en moi. Enfin voilà la première nuit de notre mariage arrivée. Le reste, vous le savez, balbutia-t-elle en sanglotant… Racontez-moi, Seigneur, comment vous l’avez élevé. »

Ils l’écoutèrent tous deux, la tête baissée. Le mari rompant le silence, dit à sa femme :

— « Rassurez-vous, madame, je vous crois. J’ai d’autant plus de raison de vous croire que mon père a sauvé en effet le jour qui précédait nos fiançailles un cerf blessé, et la nuit même il a eu un rêve semblable au vôtre ! »

Après un instant d’arrêt, il leur rappela d’abord son souvenir stupéfait de l’événement extraordinaire de cette nuit nuptiale et sa présence d’esprit d’inventer un mensonge à savoir le rêve et la découverte du nouveau-né sous le pont. Puis en s’adressant au jeune homme :

— « Mon père, après avoir remercié Dieu, confia votre éducation à un précepteur de haute vertu qui se félicitait d’avoir eu pour élève un enfant qu’il qualifiait d’intelligence même. Quand votre éducation fut terminée, c’est-à-dire depuis le mois dernier, je vous ai pris comme mon page, mais mon intention était faire de vous un homme utile »

À peine le récit terminé, le jeune homme se prosterna devant son maître et lui dit :