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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

« La vertu, les grâces de sa fille que tout le monde apprécie ne vous disent-elles rien ? »

— « Je le sais ! » fit-il doucement.

— « Alors qu’attendez-vous pour donner à ce Seigneur une réponse favorable ? »

— « Certes, il ne manque rien à cette jeune fille pour être une épouse parfaite, mais… mais elle est, madame, la fille unique de ce Seigneur ! Le mot « unique » m’effraie !… »

— « Que dites-vous là ! vous oubliez que tout dépend de la volonté de Dieu. Si rien ne fait défaut dans les natures de ces deux jeunes gens pour être un parfait couple, c’est que Dieu aurait bien voulu cette union. Conformons-nous donc, cher époux, à la volonté divine. »

Le mari lui-même souhaitait cette union, mais le mot « unique » lui semblait avoir une consonance horrible. Cependant les arguments de sa femme lui parurent raisonnables. Aussi décida-t-il de répondre favorablement à la demande du Seigneur de Han-Yang.

Les deux familles s’entendirent donc pour fixer la date de la cérémonie nuptiale pour laquelle, désireuses de donner tout éclat possible, elles firent aussitôt des préparatifs grandioses. Le jour venu, suivant la coutume du pays, le fiancé escorté de ses gens alla chez la fiancée, où devait être dressé le lit nuptial. Ce fut l’occasion d’une réjouissance générale et la fête se termina avec un rare éclat. La nuit étant assez avancée, on conduisit les nouveaux mariés à l’appartement qui leur avait été réservé.