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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

qui se trouvait devant la porte de l’auberge. Puis il entra dans la salle de consommation. Là, il rencontra une grosse commère encore jeune qui lui parut très avenante. C’est en compagnie de cette femme qu’il se mit à boire en plaisantant, tout en se permettant de temps en temps de petites familiarités sans se soucier de rien.

Pendant ce temps, le pauvre enfant se lamentait dans son sac. Soudain par le trou de son sac, il vit venir un aveugle. Et une idée lui vint tout à coup. Il l’interpella donc :

— « Seigneur aveugle ! Je veux vous rendre un service, un très grand service. J’étais moi-même aveugle jusqu’à ce matin. Or d’après les précieux conseils d’un saint homme, qui consistaient à me mettre dans ce sac et de le suspendre ensuite à cette branche, j’ai retrouvé ma vue au bout de quelques heures. Sachant parfaitement toutes les misères et la souffrance des aveugles, et le moyen très simple de retrouver la lumière, je ne puis m’empêcher de répandre cette bonne nouvelle à tous les aveugles que je vois. Et je vous… »

— « Comment ! retrouver la lumière ! que faut-il donc faire ?  ! » s’écria brusquement l’aveugle tout en interrompant son interlocuteur.

— « Approchez-vous ! » fit l’enfant.

L’aveugle s’approcha à tatons du côté d’où venait la voix. Et il se heurta contre quelque chose.

— « Vous y voilà, dit le gamin, vous voyez, je suis dans un sac suspendu à une branche. Décrochez-le ! »

L’aveugle le décrocha et l’enfant sortit alors du sac.

— « Maintenant entrez-y ! » fit-il tout en pous-