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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

der à ses administrés un délai d’un mois pour enrayer la révolte batracienne.

Les jours s’écoulèrent rapidement sans que le préfet eut pu appliquer aucune mesure efficace. Rongé sans doute par des chagrins mystérieux, le malheureux magistrat dépérissait à vue d’œil. Le trentième jour au soir la lune était pleine et claire et les grenouilles redoublèrent ce soir-là leurs cris énervants. Le préfet était au comble de l’exaspération. Si les grenouilles ne se taisaient pas dès ce soir, il devait s’attendre le lendemain matin à un malheur de la part de ses administrés. Soudain d’un mouvement à la fois énergique et énervé il prit un pinceau et écrivit quelques mots sur une feuille blanche qu’il jeta ensuite dans le lac. Et aussitôt les cris des grenouilles cessèrent comme par enchantement. Le lendemain matin le préfet disparut sans laisser aucune trace. Qu’est-il devenu ? Personne n’a jamais pu retrouver la clef de ce troublant mystère.

Depuis ce jour jusqu’à maintenant, à travers des siècles, on n’a jamais revu, prétend-on, aucune grenouille dans ce lac qu’on peut voir encore aujourd’hui à Hai-Jou, dans la province de Whang-Hai.