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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

UNE STATUE MÉMORABLE

Un jour un vieux bonze chantait des cantiques sollicitant quelques aumônes à la porte d’un riche château qui se trouvait isolé au bord d’un grand fleuve. Or le maître de ce château magnifique était fâcheusement connu dans le pays pour son avarice et sa méchanceté. Il n’a jamais donné aucune aumône à personne. Aussi fut-il fort surpris et mécontent de ce qu’on vint lui demander l’aumône. Traitant le vieux bonze de voleur, il lui jeta une pelle de fumier d’étable. Le vieux bonze sans se fâcher s’en alla humblement. La bru de ce méchant châtelain, témoin de ce geste irrévérencieux de son beau-père à l’égard d’un pauvre vieillard, en fut profondément indignée. Elle sortit à la dérobée pour retrouver le vieux bonze. Elle lui demanda pardon en lui donnant un boisseau de riz. Le bonze qui se montrait indifférent à toute injure regarda la jeune femme d’un air de pitié.

— « Jeune femme, dit-il après avoir gardé un long silence, demain à midi vous verrez jaillir une source au milieu de votre cour. Alors vous quitterez votre château sans rien dire à