Page:Seu - Miroir, cause de malheur, et autres contes coréens, 1934.pdf/191

Cette page a été validée par deux contributeurs.
187
MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

attention anxieuse, se leva à ce moment d’un air presque hébété.

— « Ah ! Bonjour, Monsieur le Docteur, vous l’avez donc vu ce jour-là ? »

— « Non, Seigneur, je n’ai pas pu le voir, car j’étais moi-même fort malade ce jour-là… »

— « Quelle coïncidence fâcheuse ! » remarqua le préfet.

Or la majorité de l’assemblée témoignait vivement de la parfaite honorabilité du Docteur. Le préfet jugea alors nécessaire de brusquer le dénouement. Il éclata tout-à-coup d’un rire presque cynique et lui dit :

— « Docteur, c’est très curieux que n’ayez pas eu aucun mal lorsque vous rendiez visite à une jeune fille amoureuse ! »

Tous les regards des assistants se clouèrent littéralement sur le visage du Docteur qui murmurait tout bas des mots inintelligibles. Le préfet, après avoir remarqué attentivement son visage, l’invita en ces termes :

— « Docteur, faites-nous le récit ! Si vous croyez que c’est trop demander, eh bien, je vous aiderai ! »

Le Docteur comprit alors qu’il était inutile de protester de son innocence. Il dut donc avouer son crime. On n’eut même pas le temps de le condamner, il fut lynché par la foule. Le corps de la malheureuse jeune fille fut retrouvé à l’endroit indiqué. Il était intact sous l’ombre, mais il tomba en poussière lorsqu’on le sortit au jour.