Page:Seu - Miroir, cause de malheur, et autres contes coréens, 1934.pdf/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.
183
MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

et j’aime ce genre d’aventure. Et puis qui sait ! je pourrai peut-être vous apporter la lumière ! »

Quelques jours plus tard la nomination d’un nouveau préfet dans la province de Lac-Ton, vacante depuis plus de dix ans, souleva une curiosité sensationnelle à travers le pays, mais on ne savait pas qui.

Le nouveau préfet, dès le jour même de son arrivée dans la préfecture, ordonna d’abord l’illumination pendant toute la nuit de sa nouvelle résidence, ensuite la retraite absolue de tout personnel. Ayant décidé de veiller la nuit il s’installa sur son siège, les portes toutes ouvertes. Jusqu’à minuit, rien de particulier. Cependant son attention fut attirée par l’énorme silhouette d’une jeune fille ensanglantée qui, les cheveux en désordre et ayant un couteau plongé à travers la gorge, parut soudain au fond du jardin. C’était un spectacle épouvantable ! Il se croyait déjà mort quand elle s’avança peu à peu et bientôt atteignit le seuil de la maison. De là, elle dit d’une voix faible :

— « N’ayez pas peur, je vous en supplie ! » Le préfet s’était déjà évanoui. Et quand il revint à lui, il la trouva prosternée devant la porte. Alors, avec beaucoup de courage il lui dit d’une voix toute tremblante :

— « Que voulez-vous ? »

— « Si vos prédécesseurs sont morts, c’est qu’ils sont tous victimes de leur faiblesse, répondit d’abord la jeune fille, chacun d’eux est mort terrifié rien que par ma vue. Je ne suis point ici pour vous faire du mal. Je n’ai qu’un vœu, une vengeance à vous confier : Je suis la