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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

Cette fois, tout est bien fini. Le gouvernement lui-même n’osait plus nommer personne pour ce poste important. Toutes recherches ne purent empêcher le mystère de bien garder son secret durant près de dix ans. Le Roi, voulant absolument éclaircir ce mystère, trouva enfin un moyen de recruter quelques candidats : Un jour il fit rassembler dans une vaste salle tous les détenus dont les crimes étaient particulièrement atroces. Et le Roi, s’étant déguisé en un simple garde, s’amusait avec eux. Pendant des jours il les examina secrètement l’un après l’autre. Il s’arrêta enfin à un aventurier fort redoutable qu’il recommanda expressément aux juges de condamner le lendemain à la peine capitale. Le soir même de cette condamnation, lorsque la nuit fut assez avancée, le Roi fit venir le condamné et lui dit :

— « Tu sais que tous mes sujets, sans aucune distinction, qui tombent sous le coup de mes lois, sont irrévocablement exécutés ! Tu es condamné, tu vas donc mourir. Cependant je suis disposé à t’accorder une grâce si tu te décides désormais d’être un homme meilleur, et je te demanderais même de rendre un service à ton pays, car tu peux en rendre… »

— « Ordonnez-moi, sire, je ne risque rien puisque je suis déjà condamné à mort ! »

Alors le Roi, lui ayant raconté la mystérieuse disparition de trois préfets de Lac-Ton, annonça sa prochaine nomination à ce poste.

— « Et tu tacheras, continua le Roi, de dévoiler le secret. »

— « Je vous répète, sire, que je ne risque rien,