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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

de cette ville, il en fut vite fatigué. Et au bout d’un mois de cette vie, il fut pris soudain d’un irrésistible mal du pays. Il regrettait maintenant le paysage sauvage de son pays et les visages connus et les voix familières de ses compatriotes. Il lui semblait désormais que Dadai, son village bien aimé, était un paradis terrestre. Aussi, brusquement décidé à repartir le lendemain dès l’aube, il fit ce soir-là les préparatifs nécessaires. Après le dîner, il se rappela tout à coup qu’il avait une commission à faire pour sa femme, mais sa mauvaise mémoire ne lui permit pas de se rappeler l’objet de cette commission. Désolé de ce triste oubli, il sortit néanmoins en ville et se promenait devant les étalages des grands bazars. Or la pleine lune qui était, juste à ce moment-là, dans le ciel d’Est, lui rappela cette parole de sa femme : « Si tu l’oublies, regarde cette lune là-haut. » Heureux d’avoir trouvé cela, il entra aussitôt dans l’un des bazars et demanda :

— « Avez-vous quelque chose qui ressemble à cette lune là-haut ? »

Le vendeur fort intrigué, demanda laquelle lune. L’homme lui montra la pleine lune du ciel. Le vendeur, au bout d’une longue réflexion, lui présenta alors un miroir rond dont la ressemblance avec la lune était frappante. Cependant Tchadol ignorait l’utilité de cet objet. À sa demande, on la lui expliqua. Cette explication ébahit une fois de plus Tchadol avant son départ de la capitale. Il se demandait surtout comment sa femme pouvait connaître cet objet sans être jamais venue à Séoul ! Enfin convaincu d’avoir