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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

n’avait plus d’autre ressource que d’obéir à cet arrogant saint homme.

Au bout de trois jours impatiemment passés, le commerçant se présenta de nouveau chez le Devin.

— « Enfin voici ma réponse, dit le saint homme, tout en lui remettant un petit rouleau de papier soigneusement enveloppé. Surtout gardez-vous bien de l’ouvrir, continua-t-il. Il faut que vous alliez de ce pas au pied du mont Kai-Lion. Là vous convierez le plus de monde possible à un festin monstre. Montrez leur ce rouleau en leur disant que c’est toute votre fortune que vous avez gagnée en Chine. Et quand tous les regards seront fixés sur ce paquet vous n’avez qu’à l’ouvrir lentement et votre fortune sera faite. »

Le malheureux commerçant rentra aussitôt chez lui et réalisa tout ce qu’il avait de vendable. En suite il alla au pied du mont Kai-Lion où, suivant le conseil du Devin, il convia toute la population du pays à un festin monstre. À un moment jugé opportun le marchand monta sur une table pour dominer la foule et tout en brandissant le fameux rouleau de papier, il déclara à ses convives :

— « Voici toute ma fortune que j’ai gagnée en Chine ! Vous allez voir, je vais le défaire devant vous ! »

Tout le monde se demandait ce que pouvait contenir ce petit paquet qui constituait toute la fortune de ce riche commerçant. Leur curiosité était telle que leurs regards suivaient avidement les doigts du commerçant qui déroulait son