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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

se dirigea aussitôt vers le Palais Royal où elle demanda aux sentinelles la permission d’y entrer. Mais les sentinelles très amusées de la naïve audace de cette enfant, lui dirent :

— « Qu’est-ce que tu vas faire là-dedans ? »

— « Je voudrais voir le Roi. »

— « Mais le roi n’a pas besoin de toi, et il ne voudrait pas te voir ! »

— « Mais si, tous les Rois aiment les petits enfants et tous les Rois sont bons. Vous n’avez jamais écouté les contes de fées de ma maman ? Ah ! laissez-moi entrer, je suis certaine que le Roi sera content de me voir. »

Les sentinelles, de plus en plus amusées de la naïveté innocente de cette fillette, la taquinèrent amicalement tout en lui refusant la permission demandée. Après de vaines insistances, l’enfant finit par sangloter. L’accent sincère et douloureux de ce sanglot enfantin émut profondément tous ceux qui l’entendaient. Tous désiraient ardemment satisfaire la curiosité innocente de cette malheureuse enfant. Les courtisans aidant, la nouvelle arriva rapidement jusqu’aux oreilles du souverain, qui fort ému de cette nouvelle, fit aussitôt venir l’enfant.

— « Pour quelle raison vous voudriez me voir ? lui demanda le Roi.

— « Sire, répondit la petite fillette, je sais que les Rois aiment les enfants et leur peuple. Je sais aussi que vous ne savez que faire du bien. Or ma mère, ce matin m’a dit en pleurant que mon père avait été condamné par le roi, parce que mon père n’a pu découvrir les contrebandiers. Je ne puis pas croire qu’un Roi ait condamné