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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

rait dans quelques heures. C’est alors que Liou Jin-Hang raconta à sa femme toute son histoire de contrebandiers et lui fit part de sa ferme décision de mourir à la place du coupable. À cette nouvelle, la pauvre femme effrayée éclata tout à coup en sanglots. Cependant connaissant parfaitement le caractère à la fois terrible et têtu de son mari, elle n’osa pas protester, mais elle se laissa tomber par terre et continua à sangloter désespérément. Pendant ce temps Liou Jin-Hang se rendit tout seul au Palais royal où le Roi devait l’attendre ce jour-là.

— « Où sont vos contrebandiers ? » lui demanda le Roi, à la vue de Liou Jin-Hang.

— « Sire, je n’ai pu remplir avec succès la haute mission que votre majesté a daigné me confier.

— « Alors vous savez ce qui vous attend ! » fit le Roi très en colère. Il ordonna aussitôt l’incarcération de Liou Jin-Hang en attendant son exécution.

Après le départ de son mari, la dame Liou continua toujours à sangloter désespérément. Liou Sounn, fille aînée de Liou Jin-Hang, âgée seulement de sept ans, demanda à sa maman la raison de cette tristesse, tout en la consolant de sa voix caressante. La mère cédant à l’insistance de son enfant chérie, lui raconta en quelques mots que son père n’ayant pu découvrir le contrebandier du vin, suivant l’ordre qu’il avait reçu du Roi, était condamné à la mort.

L’enfant l’écouta silencieusement, puis sortit de la maison, sans mot dire, d’un pas grave, laissant sa mère pleurer seule. La petite fillette