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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

rer la mort plutôt que de violer la loi. Vous ne m’avez pas écouté. Me voici aujourd’hui découvert ! et je suis déjà entre les mains de la Justice » termina-t-il en désignant de l’œil le fonctionnaire.

À peine avait-elle écouté cela que la vieille dame éclata en sanglots. Puis en se mettant à genoux devant Liou Jin-Hang, elle dit :

— « Seigneur, j’ai fabriqué clandestinement le vin, non pas pour faire fortune. Depuis que j’ai imposé à mon fils de faire des études pour pouvoir espérer un avenir meilleur, j’ai commencé à violer la loi antialcoolique, et cela pour subvenir simplement aux besoins domestiques. Vous voyez bien, Seigneur, que mon fils n’y est pour rien. Je suis la seule coupable. En tout cas qu’on punisse la coupable, non un innocent ! C’est donc moi qui vais vous suivre et non mon fils… »

Aux bruits de ces sanglots, la femme de ce malheureux homme se réveilla à son tour en sur saut. Ayant appris la terrible nouvelle, elle réclama tout en larmes, au fonctionnaire la peine capitale pour elle.

— « Je ne veux survivre à personne, ni à mon mari, ni à ma belle-mère… » cria-t-elle.

Mais le mari, dominant les sanglots des deux femmes, dit à sa compagne :

— « Ma mie, puisque la Justice a déjà saisi l’affaire, et comme la loi est inviolable et égale pour tous, les sanglots ne serviront à rien ! La Justice me réclame, je vais devant elle avec un cœur noble. Ne l’avilissez pas avec vos sanglots ! Cependant j’ai un regret, celui de n’avoir pas d’enfant qui transmette notre nom à la postérité.