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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

Cependant Liou Jin-Hang se dirigea vers maison contrebandière du village voisin. C’était une très pauvre chaumière qui se composait de trois pièces dont une à l’entrée avait, seule, une lumière. Il s’en approcha donc. Il y avait dans cette pièce un homme d’une trentaine d’années en train de lire sous la lueur d’une faible lampe. Au bruit de pas, il se releva. Et très surpris de recevoir la visite d’un étranger à une heure pareille, il lui demanda ce qu’il voulait de lui. Liou Jin-Hang lui répondit en montrant la bouteille du vin qu’il sortit de sa poche :

— « Voici une marchandise clandestine qui sort de chez vous. Sous la menace de la peine capitale, Sa Majesté m’a ordonné, ce soir, de découvrir les contrebandiers avant trois jours. C’est vous le coupable, suivez-moi donc ! »

L’homme, d’un air stupéfié, resta d’abord interdit.

— « Puisque je suis tombé sous le coup de la loi, dit-il tout à coup, je n’ai plus qu’à vous suivre. Je n’ignore pas que l’infraction à la loi antialcoolique est punie de la peine capitale. Cependant j’ai une vieille mère, permettez-moi, au moins, de lui faire mes adieux. »

Avec le consentement du fonctionnaire, l’homme alla frapper à la porte d’une pièce voisine et appela d’une voix basse sa mère qui dormait dans cette pièce. Elle se réveilla en sursaut et demanda tout affolée :

— « Qu’y a-t-il mon enfant ! Pourquoi ne dormez-vous pas à cette heure-ci ? »

— « Chère mère, j’ai eu déjà l’occasion de vous rappeler qu’un honnête homme doit préfé-