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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

ironiques et outrageants de tout le monde fixés sur sa personne. Certes, il était ridicule, surtout à Séoul, avec sa tenue moyenâgeuse : la tête drapée au lieu d’être coiffée d’un chapeau, son pantalon et sa veste démesurément flottants, et tout cela sans « Droumac », une espèce de manteau, vêtement de ville par excellence. Ce qui attirait tant d’ironie, c’était à vrai dire, son air gauchement émerveillé et craintif et aussi un peu bête ! Cependant il était fatigué des longues journées de marche et surtout de ces nouveautés. D’ailleurs la nuit était déjà commencée, il fallait trouver un gîte… Malheureusement il fût bientôt suivi par une bande de gosses dont les cris confus et perçants lui cassaient la tête. Il fut tellement agacé qu’à la fin il se laissa tomber dans un coin de rue et attendit désespérément le départ de la bande. Mais les gamins redoublèrent leurs railleries et leurs méchancetés tout en entourant le pauvre Tchadol. C’est à ce moment qu’un gentilhomme qui passait intervint et dispersa la bande. Puis il demanda à Tchadol d’où il venait et ce qu’il voulait. Celui-ci lui répondit d’un accent fort comique qu’il était venu pour voir Séoul et qu’il lui fallait maintenant trouver une auberge le meilleur marché possible, pour se reposer. Alors le gentilhomme le conduisit très complaisamment dans une petite auberge et recommanda au patron de le bien traiter. Aussi notre montagnard fixa là son quartier-général et parcourut tous les jours la capitale, en tous sens. Chaque soir il rentrait, dans son auberge content et émerveillé.

Cependant si magnifique que fût le spectacle