Page:Seu - Miroir, cause de malheur, et autres contes coréens, 1934.pdf/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

— « Tu m’apporteras de Séoul, un peigne, surtout ne l’oublie pas ! » Puis connaissant bien la. mauvaise mémoire de son mari, elle ajouta : « Si tu l’oublies, regarde cette lune là-bas ! » fit-elle en lui montrant le dernier quartier d’une lune qui, semblable par son demi cercle à un peigne à la mode coréenne, était suspendue à ce moment-là toute pâle au-dessus d’une montagne lointaine.

Tchadol partit donc seul franchissant les montagnes et les forêts, traversant les plaines et les rizières, toujours vers le Nord dans la direction de Séoul.

Au bout d’un mois de marche, il arriva un jour au somment d’une colline d’où il pouvait enfin embrasser d’un seul coup d’œil toute cette merveilleuse capitale à laquelle il avait si longtemps rêvé. C’était une ville immense située au bord du magnifique fleuve Han-kang et entourée d’une enceinte de murailles imposantes dont les quatres gigantesques portes aux quatre points cardinaux s’élevaient très haut dans l’air, dominant la ville et ses environs. Ce premier coup d’œil ayant excité sa curiosité, Tchadol fut impatient d’entrer dans la capitale. Aussi descendit-il vers la ville presque en courant et arriva bientôt devant cette légendaire « Nam-Dai-Moun », une des quatre grandes portes dont la capitale de la Corée était fière. Dès son entrée dans la ville Tchadol fut d’abord émerveillé, entre autres choses, par les larges rues avec les splendides étalages des boutiques des deux côtés et aussi par les bizarres coiffures des passants. Mais il fut bientôt très ennuyé par les regards à la fois