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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

— « La maladie de votre père, dit-il à Bok-Sury, vient d’une anémie. Seule, l’ordonnance que je vais vous délivrer pourra le sauver. Surtout n’essayez pas autre chose ! Ce serait non seulement une dépense inutile, mais encore une complication de la maladie. Cependant j’ai peur que vous ne soyez pas assez riche pour pouvoir payer la drogue indispensable, car elle vous coûtera très cher ! » termina-t-il d’un ton ennuyé, tout en remettant à la jeune fille l’ordonnance qu’il venait de rédiger.

L’indigence de cet infortuné foyer sautait aux yeux du Docteur. L’extrême simplicité de cette minuscule chaumière, de ses menus meubles et surtout la misérable tenue de Bok-Sury, tout cela décelait clairement la pauvreté de cette famille. Pourtant le Docteur ne put s’empêcher de constater, d’ailleurs avec quelque surprise, l’ordre parfait et l’impeccable propreté qui régnaient dans cette pauvre chaumière.

Après son départ, la petite Bok-Sury fut plus désolée que jamais, car elle n’avait plus ni sou ni maille pour acheter le médicament nécessaire la longue maladie de son père, plus la dépense occasionnée par les besoins quotidiens de l’existence, avaient achevé d’épuiser complètement les quelques économies qui restaient encore. Elle pleurait tous les jours à chaudes larmes, priant Dieu.

En ce temps-là, il y avait dans un petit village voisin, un gigantesque bâtiment séculaire, une espèce d’immense hangar fermé, solidement construit. On croyait généralement, dans le pays, que c’était une ancienne prison dont la moitié