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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

sa santé. C’était un jeune homme élégant et froid.

— « Je suis le fils aîné du seigneur de ce pays. Je me suis égaré l’autre jour dans cette montagne au cours d’une partie de chasse. Pendant que je cherchais mon chemin, la nuit, la faim et le froid m’ont surpris tout à coup. Voilà comment je fus recueilli par vous le lendemain matin dit-il d’un ton quelque peu hautain qui étonna le bon couple Maship !

Cependant des jours passèrent sans que le jeune fils du seigneur songeât à partir, et Maship n’osait pas dire de s’en aller à une personne à qui il donnait l’hospitalité. Chaque fois que Maship partait dans la montagne pour abattre les bois le jeune homme sortait avec lui en disant qu’il allait chasser. Mais il rentrait bientôt seul chez Maship et cherchait visiblement à entrer en conversation avec la femme du brave bûcheron. En vérité le jeune seigneur frappé de la beauté extraordinaire de cette femme en tomba follement amoureux. Si bien qu’il préférait la maigre cuisine et le grossier grabat de cette pauvre chaumière aux mets fins et variés et au lit moelleux du foyer paternel. Il attendait un moment propice pour faire à la jeune femme une déclaration solennelle. Un jour, alors que Maship était parti comme d’habitude, au travail, le jeune chasseur ingrat fit part brusquement de son amour à la femme de son sauveur. Tout en lui promettant insolemment beaucoup de fortune et de bonheur, il la supplia de le suivre.

— « Vous êtes trop belle et trop intelligente