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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

ce que nous ne connaissons pas chez nous. Cependant dans notre vie sous-marine, il n’y a qu’une saison éternelle : c’est le printemps. Partout vous trouverez l’herbe tendre et grasse avec des fleurs parfumées. On ignore chez nous la misère et la crainte, car enfin pourquoi la misère ? quand tout le monde vit dans l’opulence ; et pourquoi la crainte ? quand on est tous frères ! »

Le lapin, brûlant d’envie soupira tristement :

— « Quel heureux sort que le vôtre ! Combien je vous envie ! que ne puis-je aller dans votre pays ! »

— « Il ne tient qu’à vous ! Notre pays vous est tout ouvert ! Et vous serez toujours le bienvenu. »

— « Cependant comment pourrais-je aller sur l’eau ? »

— « Si vous le désirez, je pourrai vous rendre ce service. Montez sur mon dos, je vais vous conduire jusque chez nous. »

Le lapin accepta la proposition de Tortue tout en la remerciant de tout son cœur. La Tortue quitta donc la terre avec le lapin sur son dos. Quand ils furent au milieu de l’Océan où le lapin n’avait plus aucun moyen de s’échapper, la Tortue éclata de rire tout à coup d’un air malin :

— « Ha, ha ! mon pauvre lapin, tu es bien maintenant en mon pouvoir. Tout ce que je t’avais raconté tout à l’heure est faux ! À la vérité il nous faut le foie d’un lapin pour sauver la fille de notre Auguste Roi gravement malade. Voilà pourquoi je te cherchais, ha ha ! »

À ces mots le lapin fut terrifié, et une colère