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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

d’avaler un faible sans défense ? C’est poussé par un instinct naturel que j’ai sauvé, tout à l’heure, la vie de deux innocents faisans », continua-t-il tout en suppliant l’effroyable reptile de lui laisser la vie sauve.

Le monstre semblait touché par l’appel pathétique de ce malheureux homme.

— « Je conçois ton malheur, soupira l’animal reptile, mais je ne peux pas ne pas punir l’assassin de mon époux !… »

Puis après une pause :

— « Pendant dix années de ma vie dans ce temple abandonné je n’ai jamais pu entendre le timbre de cette cloche que tu vois dans la cour. si donc tu peux me faire entendre au moins trois coups de cette cloche avant le premier chant du coq, je te pardonnerai. Sans quoi je ne ferai toi qu’une bouchée. »

Tchi-Ac sortit aussitôt dans la cour au pied du clocher. Il faisait si nuit qu’on apercevait à peine, très haut dans l’air, une vague silhouette de la cloche. Il n’y avait ni corde ni échelle pour l’atteindre. Après les vains efforts le pauvre jeune homme dût renoncer tristement à sa tentative impossible ! L’heure était déjà très avancée et les chants de coqs allaient bientôt se faire entendre. Et le terrible reptile s’apprêtait à lui sauter au cou. La queue du serpent serrait déjà les membres du pauvre Tchi-Ac qui perdait connaissance, quand tout à coup « dong » le timbre clair de la cloche se fit entendre ! Le reptile surpris, s’arrêta brusquement, dressant la tête dans l’air, prêtant une oreille attentive. « Ding ! Dong ! » deux tintements successifs vin-