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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

la montagne par pur plaisir. Ainsi il s’engagea un jour dans une profonde montagne, au lieu d’en faire le tour. Fatigué par les longues journées de marche il s’avançait d’un pas lourd. Soudain il entendit dans cette montagne déserte des cris de détresse des oiseaux qui semblaient appeler le passant au secours. Tchi-Ac s’arrêta vivement prêtant une oreille attentive du côté d’où venait le cri. Il découvrit en effet non loin de lui, sur un arbre, un énorme serpent prêt à avaler deux jolis faisans qu’il tenait enroulés dans sa queue. Indigné de cette scène brutale, il s’arma prestement de son arc, envoya une terrible flèche en pleine tête du reptile qui s’écroula lourdement par terre, tandis que les deux pauvres faisans s’envolèrent précipitamment dans l’air non sans avoir survolé longuement au-dessus de Tchi-Ac comme s’ils voulaient remercier leur généreux sauveur. Tchi-Ac continua son chemin traversant les forêts, sautant les abîmes, franchissant les rochers, il accélérait ses pas pour sortir plus vite de cet immense désert. Insouciant comme il était il ne s’était jamais demandé de la profondeur de cette montagne. Le soleil déclinait déjà derrière un sommet lointain et la nuit arrivait à grand pas. Tchi-Ac avançait toujours mais bientôt épuisé il se résigna à passer la nuit à la belle étoile et s’installait déjà sous un arbre quand il aperçut au loin, une faible lumière.

— « Ça doit être une habitation ! » soupira-t-il, et il y courut oubliant la fatigue et la faim. Arrivé à la porte, il y frappa. Une voix féminine lui demanda qui il était et ce qu’il voulait.

— « Je suis un voyageur égaré dans cette mon-