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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

vous vois ! » dit la femme agacée sans même regarder son mari.

— « Me vois-tu ? »

— « Oui… »

— « Me vois-tu ? »

La femme ne pouvait plus souffrir cet idiot. — « Non, je ne vous vois pas ! laissez-moi en paix… Là !!! »

— « Ah ! ça y est ! » s’écria le mari, fou de joie tout en quittant la chambre. Son épouse sans se rendre compte de rien, était néanmoins heureuse de se débarrasser de l’idiotie de son mari.

Celui-ci retourna aussitôt au cabaret où il trouva encore les joueurs en pleine passion, avec des sommes considérables devant eux. Lieu-Jin mit alors sa feuille du saule sur le front et commença à empocher, tout bonnement, l’argent du jeu.

— « Qu’est-ce qu’il fait-là cet idiot-là ? » s’étonnèrent les joueurs furieux, tout en appliquant des gifles sur les joues innocentes du malheureux voleur.

— « Ah !? Vous me voyez donc ! Et pourtant j’ai encore ma feuille sur le front ! » murmura-t-il tout en enlevant la feuille de son front.

À ce murmure naïf, toute la salle éclata de fou-rire.