Page:Seu - Miroir, cause de malheur, et autres contes coréens, 1934.pdf/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.
125
MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

— « Quelle drôle de plaisanterie tu m’as faite. Pourquoi as-tu mis à mes pieds tes chaussettes. et guêtres, en t’en allant ? »

— « Ah ! c’est vrai !!?? » s’écria Lieu-Jin, comprenant enfin que dans sa hâte il s’était trompé de pieds.

Lieu-Jin était, au fond, un fils très docile, aimant beaucoup ses parents. À peine avait-il dépassé sa vingtième année, il devint corpulent et robuste. Sa force était telle qu’il faisait à lui seul le travail de plusieurs personnes. Ses parents n’avaient plus besoin de journaliers pour labourer les champs ou récolter les moissons.

Cependant ce n’était pas là ce qu’ils attendaient de leur fils. Ils voulaient faire de lui un bel esprit et lui préparer, comme nous l’avons déjà vu, une carrière d’honneur. Mais malgré tous leurs efforts, Lieu-Jin resta réfractaire à toute étude, voire à tout acte raisonné. Ce qui désespérait encore davantage ces malheureux parents, c’était de voir l’enfant devenir de plus en plus idiot, à mesure qu’il grandissait.

« On dit que le voyage et le changement d’air forment la jeunesse, pensa un jour la mère de Lieu-Jin. Je vais envoyer mon fils à Séoul. Il faut qu’il soit mêlé dans la vie active de cette grande et merveilleuse capitale. »

Ayant fait part de ce projet à son mari qui se rangeait toujours à son avis, elle appela aussitôt son fils :

— « Va faire un séjour à Séoul. Tu verras