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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

et tu seras chez toi avant qu’aucun paysan ne se soit réveillé. »

Après un dîner copieux les deux amis se préparèrent à se coucher.

— « Je partage avec toi ma couchette ! » fit l’hôte tout en invitant Lieu-Jin à y prendre place. Mais celui-ci ayant ôté seulement ses guêtres et chaussettes, s’installa, tout habillé, dans la couchette, et cela, malgré le conseil de son ami qui lui demandait de se déshabiller.

— « Non ! c’est pour ne pas perdre, demain matin, du temps, répondit Lieu-Jin. Je n’aurai qu’à mettre, en me réveillant, mes chaussettes et guêtres pour partir. Bonsoir ! » fit-il tout en s’allongeant sous la couverture. Puis il ajouta :

— « Tiens ! ami, je ne te réveillerai pas demain matin. Je te dis donc, d’avance, bonjour, merci et au revoir, pour demain ! »

Sachant l’entêtement de Lieu-Jin, sans insister davantage, l’hôte s’étendit à côté de son ami, sous la même couverture. Bientôt les deux amis ronflèrent brusquement, plongés dans un profond sommeil.

Le lendemain matin, au premier chant des coqs, Lieu-Jin se réveilla en sursaut. De la couchette, sans en sortir, il mit en toute hâte ses chaussettes et guêtres. Puis, sans déranger le dormeur, il sortit de la chambre, sauta sur l’âne et se mit en route. En arrivant chez lui, il constata, avec quelque surprise, que ses pieds étaient nus et que ses chaussettes et guêtres avaient disparu. Il resta longtemps perplexe devant cette mystérieuse disparition. Mais le mystère s’éclaircit quand, un jour, son ami venu reprendre son âne lui dit :