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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

tombée ? Pourquoi la poutre l’a-t-elle écrasé quand on ne lui a pas demandé… etc… etc… »

En faisant toutes ces réflexions idiotes, il s’aperçut que l’homme était un animal merveilleusement constitué :

« …Si le nez était placé à l’envers, on aurait reçu toute la pluie dans les narines ! et les yeux s’ils avaient été placés à l’occiput, quel malheur ce serait pour nous de tourner à chaque instant le dos à l’objet que nous voulons voir ! et la bouche… »

Ainsi de suite, il s’enfonça de plus en plus dans la profondeur de son idiotie qui semblait le distraire.

Pendant ce temps, l’âne qui le portait sur le dos ne recevant aucune direction fit demi-tour et revint à la maison de son maître.

— « Eh, quoi ! tu reviens ? As-tu, sans doute, oublié quelque chose ? l’interrogea l’ami en deuil.

Au cri étonné de son ami, Lieu-Jin sortit seulement de sa torpeur. Il répondit tout hébété :

— « Mais je viens de chez toi ! et je m’étonne que tu sois ici avant moi !

— « Mais non, réveille-toi, imbécile ! Ah ! je comprends maintenant. Mon âne est revenu sans que tu t’en sois aperçu ! Enfin, descends et entre ! Tu ne peux pas partir ce soir, il fait trop noir. Tu coucheras ici, et tu partiras demain ! » dit-il tout en l’entraînant dans la chambre.

Lieu-Jin, d’un air inquiet, murmura :

— « Pourtant il me faut être à la maison demain à la première heure du jour ! »

— « Eh bien, tu partiras d’ici demain à l’aube