Page:Seu - Miroir, cause de malheur, et autres contes coréens, 1934.pdf/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.
121
MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

marché d’un pas chancelant et commença à faire des emplettes.

Or, la mère de Lieu-Jin, après avoir envoyé son fils au marché des provisions, l’attendit vainement pour le dîner du soir. Comme il ne rentra pas à la maison, sa famille se vit, ce soir-là, obligée de se coucher sans dîner.

Le lendemain, presque toute la journée, on chercha partout le mystérieux disparu. Mais il resta introuvable. La mère surtout affligée dans son amour maternel pleurait tristement, quand son fils rentra gai, le plus naturellement du monde, avec le sac des emplettes sur son dos.

— « Dieu merci, mon fils !… D’où viens-tu ?… »

— « Je viens du marché et j’ai fait vos commissions, maman ! »

— « Comment ? Mon pauvre enfant, tu es fou ! Dans quel marché étais-tu, pour revenir un jour après ! »

— « Ah ??? » fit Lieu-Jin qui comprit enfin qu’il avait dormi sur le rempart pendant vingt-quatre heures !

Un jour Lieu-Jin apprit que le père de son meilleur ami était mort dans un accident du travail. Il alla aussitôt chez ce dernier pour lui présenter ses condoléances. Celui-ci habitait alors un village assez éloigné et Lieu-Jin ne put y parvenir qu’au début de l’après-midi. Il trouva son ami tout abattu par les émotions douloureuses et par les fatigantes cérémonies de l’enterrement de son père. Il l’embrassa avec effusion, parta-