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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

— « Ah ! tout le monde n’a pas une belle voix, comme tout le monde n’a pas un goitre comme moi ! » fit-il tout en caressant fièrement son goitre qui lui tombait si laidement sur sa poitrine.

— « Eh bien ! continua-t-il après une minute de pause, ce goitre que vous voyez là est une source inépuisable de belles chansons ! »

— « Ah !  ? repartit l’esprit avec un air curieux, vendez-nous votre goitre, nous vous donnerons beaucoup d’or et de diamants. »

Ce bonhomme qui était si malheureux d’avoir ce goitre, comme nous l’avons déjà dit, y consentit aussitôt avec joie. Les esprits lui apportèrent alors beaucoup d’or et de diamants et enlevèrent le goitre, on ne savait trop comment, sans lui faire aucun mal. Le Hoc-Bo tout heureux revint chez lui et devint l’homme le plus riche de son village.

Cette incroyable mais véridique nouvelle se répandit bientôt partout et parvint jusqu’aux oreilles d’un autre goitreux qui habitait un village voisin. Celui-là était un méchant avare qu’aucun de ses compatriotes n’aimait. Il alla aussitôt demander des renseignements complémentaires à Hoc-Bo qui lui raconta fidèlement l’histoire de son aventure. Le méchant homme partit alors le soir même pour le château hanté où il s’installa confortablement sur le perron de l’escalier. Quand la nuit fut assez avancée, il se mit à brailler de toutes ses forces des chansons peu agréables ! Des esprits arrivèrent en effet en masse, mais très furieux ils crièrent à l’adresse de l’inconnu :