Page:Seu - Miroir, cause de malheur, et autres contes coréens, 1934.pdf/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.
115
MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

Aussi cherchait-il vainement le moyen de le faire disparaître ou plus exactement il souhaitait qu’un miracle se produisît.

Un jour, comme il faisait très beau, il eut une soudaine envie de faire une promenade dans la montagne. Aussitôt il enfonça dans sa besace une dizaine de bouteilles de bon vin qu’il mit sur son dos, puis il partit vers la montagne. Il marchait, il montait, il grimpait toujours en avant, toujours plus haut. Enfin quand il atteignit le sommet de la montagne, le soleil était déjà prêt à tomber. Là, tout en admirant les magnifiques paysages rendus féeriques par les derniers rayons du soleil couchant, il s’installa sur un rocher plat, enivré déjà par la beauté du spectacle de la nature qui se déroulait devant ses yeux. Il but quelques bouteilles sans se soucier de la nuit qui s’approchait alors à grand pas, amenant avec elle une superbe lune dont la lumière argentée semblait métamorphoser l’univers tout entier. S’apercevant enfin de l’heure tardive de la nuit, il se décida de regagner son foyer familial. Mais il était trop fatigué, la boisson lui avait brisé les jambes, comme il arrive souvent après une longue journée de marche. Cependant il descendait dans se presser. Au milieu de son chemin, il aperçut dans une vaste clairière un vieux château à l’aspect mystérieux. Il y entra donc dans l’espoir d’y trouver l’asile d’une nuit. Mais le château était désert, il n’y avait personne. Fort intrigué, il s’installa néanmoins sur le perron d’un grand escalier, dans l’intention d’y passer la nuit. Puis il ouvrit sa besace et commença à vider voluptueusement toutes les bouteilles du