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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

lim s’aperçut que sa femme avait disparu. Surpris il allait partir à sa recherche quand tout à coup il vit sur la table une lettre à son adresse, laissée par son adorable compagne.

— « Excusez-moi, ô excusez-moi ! y lut-il. Je suis le poisson gardien du lac. Charmée par vos accords captivants j’avais fait depuis longtemps un vœu de venir vous voir sur la terre. Le Tout Puissant Dieu a daigné m’en accorder la permission seulement pendant dix-huit pleines lunes. Or j’ai dépassé ce délai sans retourner au lac. C’est pour me punir que le Maître de l’Univers envoie sur la terre cette terrible calamité. Pour l’amour de la population innocente, pour sauver votre vie et la mienne, je retourne inconsolable ce soir dans le lac. Quand la lune sera pleine dans un ciel azuré et quand le zéphyr folâtre caressera la surface dormante du lac, venez avec votre flûte au bord de l’eau et faites-moi entendre vos accords sublimes. Le matin, quand les rosées brilleront encore au premier rayon du soleil laissez refléter votre doux visage sur les ondes reposantes du lac. C’est le seul vœu que je forme de tout mon cœur. »

À peine a-t-il lu cette surprenante et incroyable missive qu’Oulim sanglota désespérément. L’écho de ce sanglot descendit sur tout le pays amenant partout avec lui la pluie bienfaisante.

Oulim inconsolable allait rôder désormais à toute heure autour du lac, espérant revoir sa tendre compagne.

Ce soir-là encore la lune était pleine. L’air était saturé d’un parfum suave, une brise caressante taquinait les roseaux du lac. Oulim