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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

une immense clarté y passa comme un éclair. Puis à sa grande surprise Oulim vit une belle jeune fille agenouillée devant lui.

— « Je suis un ange du Ciel, chassé par Tout Puissant à la suite d’un péché, dit-elle, je suis venue vers vous attirée par les accords sublimes de votre flûte. Ayez pitié et prenez-moi pour votre femme » supplia-t-elle.

Oulim qui n’avait encore jamais connu l’affection d’une femme, fut agréablement ému de l’accent pathétique de cette belle jeune fille. Il accéda avec joie à ses demandes. Et depuis ce jour, le bonheur le plus parfait régnait dans la vie de ce jeune couple.

C’était au début d’un été. On se plaignait partout de la longue sécheresse. Les fontaines n’avaient plus d’eau potable, les rizières étaient complètement sèches, les plantes mourraient pour ainsi dire carbonisées. Et l’eau du lac elle-même diminuait à vue d’œil si bien qu’on y voyait le fond où se débattaient les malheureux poissons. Le peuple priait nuit et jour le Dieu miséricordieux. Oulim, qui aimait la nature plus que lui-même, était profondément affligé de cette terrible calamité. Quant à sa femme, dès le début de cette sécheresse, elle en souffrait si violemment qu’elle perdit aussitôt tout son appétit. Cependant sa santé empira tant qu’elle ne put bientôt plus quitter son lit. Un soir Oulim s’installa au chevet de sa femme pour veiller pendant la nuit comme il le faisait tous les soirs depuis qu’elle était malade. Mais vaincu par la fatigue, il s’endormit bientôt d’un profond sommeil.

À la première heure du lendemain matin Ou-