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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

dans cette ville peut fort bien divulguer notre origine. D’ailleurs tant que la famille Tchai sera sur la terre, nous ne serons jamais tranquilles ! Voilà pourquoi ta vie dans ce monde est toujours pour nous un très grand danger puisque tu es le seul descendant de la famille Tchai. Songe un peu à ce que ta seule mort pourrait rendre définitivement heureuses des centaines de vies ! À quoi bon des discours ! » termina-t-il brusquement tout en liant les quatre membres de son malheureux visiteur.

Le soir même, alors que Song Sébang et quelques-uns de ses amis préparaient l’exécution secrète de Tchai Du-Bon, une vieille femme s’empara soudain de ce dernier qu’elle couvrit de baisers et de ses larmes. Elle déclara que personne ne pourra le tuer à moins qu’on ne la tue la première.

C’était la mère de Song Sébang qui fut autrefois la bonne du Seigneur Tchai Kwang-Do. Elle avait pour ainsi dire élevé le malheureux Du-Bon jusqu’à l’âge de quatre ans entre ses bras. Elle l’avait beaucoup aimé, et le souvenir de cet amour lointain ne lui permettait pas aujourd’hui de souffrir la mort du pauvre et innocent Du-Bon.

Devant les gestes invulnérables de sa mère, Song Sébang décida de remettre à plus tard l’exécution de son prisonnier. En attendant on lui coupa la langue et les deux mains pour l’empêcher de s’exprimer, puis on l’enferma dans un cachot.

Depuis on ne sait combien de temps — probablement une vingtaine d’années — Tchai Du-Bon vivait dans son cachot sombre sans le moindre