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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

Cédant à cette lamentable et irrésistible insistance, la femme Pak Tchambon et quelques parents se décidèrent enfin de l’accompagner jusqu’à Oulsan, pour lui faire plaisir.

Arrivé à ce dernier lieu qui se trouvait à quelque cinq cents kilomètres au sud de Kaisung, l’homme se dirigea directement chez feu Kim Jinsa. Une femme en deuil au visage rongé de chagrins, tricotait devant sa fenêtre entourée de ses petits enfants. Il se précipita à la fois sur la dame en deuil et ses enfants. Il les embrassa avec effusion tout en sanglotant :

— « Oh, ma femme ! oh mes enfants ! »

Mais la dame Kim Jinsa indignée cria au scandale.

— « Quel impertinent personnage, quel vilain individu ! Violer mon foyer, manquer de respect surtout à une femme en deuil, quel monstre infernal ! »

Elle le poussa de toute sa force. L’homme alla se blottir dans un coin.

— « Grand Dieu, gémit-il d’un geste désespéré, enlève-moi ma vie ! C’est toi qui as commis l’erreur et c’est moi qu’on torture ! Sois juste, Grand Dieu, enlève-moi ma vie ! »

Pendant ce temps la dame Pak Tchambon s’approcha de la veuve Kim Jinsa. Tout en essayant de la calmer elle lui dit :

— « Excusez-le, madame, mon mari vient de sortir d’une très grave maladie. Et d’après tout ce qu’il nous raconte, son cerveau devait être un peu dérangé !… »

— « Mais non ! je ne suis pas fou ! je suis bien Kim Jinsa, votre mari. Seulement voici pour