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AUTOUR D’UNE VIE CORÉENNE

San. Il avait à peine un millier d’habitants avec ses groupes de chaumières dispersées, çà et là, comme des champignons. Une seule maison, bâtie dans un coin un peu isolé, avait un toit en pagode couvert d’ardoises. C’était l’école qui servait aussi de lieu de rendez-vous habituel à tous les vieillards du village. À quelques pas de cette école, derrière un monticule, il y avait une fontaine délicieusement pure, protégée par un vieux saule pleureur. C’était là, matin et soir, au lever et au coucher du soleil, que toutes les jeunes filles du village venaient remplir gracieusement leurs récipients qu’elles portaient adroitement sur la tête. C’était là aussi le seul endroit de leur rencontre quotidienne où elles pouvaient bavarder et s’ébattre gaiement au grand air, déliant leurs langues injustement retenues dans la maison. Car les jeunes filles coréennes n’avaient pas, ou n’avaient presque pas, la liberté de sortir et de parler !