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AUTOUR D’UNE VIE CORÉENNE

le soir, quand ceux-ci sortaient de l’école, que lui, le petit Bac Sontcho, fils d’une famille de sang-num, donc vulgaire, n’avait pas le privilège de fréquenter. Pourtant il était l’objet d’un grand mépris de la part de ses compagnons de jeu. Parfois, on lui défendait brutalement de répondre aux injures ou aux méchants coups que lui donnaient ces petits yang-ban. Alors cette âme innocente, remplie de misère, allait chercher ses parents pour leur dénoncer la lâcheté des écoliers. Une fois, il leur demanda, d’un ton très sérieux :

— Pourquoi y a-t-il tant d’injustices et d’inégalités entre les hommes, alors que l’être humain est le même partout ?…

Ses parents, les larmes aux yeux, lui répondirent d’une voix triste :

— C’est qu’il y a dans ce monde deux catégories d’hommes, à savoir : le yang-ban et le sang-num. Le yang-ban est sacré, par suite inviolable, tandis que le sang-num est vulgaire, on ose tout lui