Page:Seu - Autour d'une vie coréenne, 1929.pdf/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
135
AUTOUR D’UNE VIE CORÉENNE

quée, ils s’y précipitèrent sans même remercier leur interlocuteur. Quand les chasseurs eurent disparu au loin, le cerf sortit de sa cachette. D’un regard reconnaissant, il considéra l’homme pendant un instant, puis s’en alla d’un pas traînant vers la haute montagne, tandis que, cédant à la fraîcheur crépusculaire, le poète regagnait son foyer familial.

Le lendemain matin, contrairement à son habitude, comme il s’était réveillé de fort bonne heure, et plongé dans la méditation, sa femme le pria de lui en dire le sujet. Alors, après avoir raconté à celle-ci l’histoire du cerf blessé, il lui apprit qu’il venait de s’éveiller d’un rêve peu ordinaire : Un vieillard est présenté à moi, continua-t-il, il m’a remercié fort gracieusement d’avoir sauvé son fils bien-aimé qui n’était autre que le cerf de la veille. Il m’a assuré comme témoignage de sa gratitude, une postérité prospère et glorieuse.

Ayant raconté cela d’un air assez amusé, il continua tout à coup d’un ton triste :