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l’objet de ses vœux. Johnson, qui croyait avoir à se plaindre des procédés du lord à son égard, rejeta cette demande avec dédain, et voulut même consigner dans une lettre les motifs de son refus.

Tous les biographes de notre philologue citent cette pièce comme un modèle de l’indépendance qui convient aux gens de lettres, et comme la plus belle leçon que l’on puisse donner aux protecteurs. Je ne sais si je me trompe et si l’on ne m’accusera pas de témérité, mais j’avoue franchement que je ne partage pas tout-à-fait ce sentiment d’admiration. Les termes de cette lettre me semblent peu mesurés, durs même. L’affabilité de ce seigneur était connue ; l’accès auprès de sa personne était ouvert à tout le monde, et sur-tout aux hommes de lettres : il y avait donc de l’injustice à lui reprocher une fierté qu’il n’avait pas. Johnson devait enfin se rappeler qu’en 1747, il avait lui-même annoncé dans le prospectus de son ouvrage qu’il serait dédié à ce même seigneur, Mais j’abandonne le jugement de ce procédé à la délicatesse du lecteur français. Voici la lettre de Johnson :


Mylord,

Je viens d’apprendre par le propriétaire du