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Dans tout le reste de la partition (sauf dans les premières scènes du premier acte), on reconnaît le disciple de Spontini et de Ch.-M. de Weber, et l’on est frappé surtout de la manière dont M. Wagner s’est pénétré du style de l’auteur de Freischütz et d’Oberon. Si ses mélodies, quoique souvent très heureuses, n’ont pas toute la richesse et tout l’élan passionné de celles de son maître, il imite avec succès ses formes rythmiques si originales et son harmonie, tantôt d’une si noble simplicité, tantôt d’une hardiesse et d’une énergie que nul compositeur n’a surpassées.


M. Weber explique très logiquement le peu de succès de l’air d’Elisabeth au second acte.


— … Mais un pareil air, où l’orchestre est le complément nécessaire de la voix humaine, doit causer une véritable déception à un auditeur ordinaire ; il prendra pour un récitatif ce qui est la mélodie proprement dite et s’attendra à voir commencer un air de son goût quand le morceau sera fini. » L’insuccès du concours des chanteurs tient à ce que «ces chevaliers sont gens pleins de loyauté et de nobles sentiments, mais différant de nom seulement ; il en résulte que tous les chants du Landgrave, de Wolfram et de Biterolf, ont, dans ce deuxième acte, un air de parenté qui nuit à la variété de l’effet, quoiqu’en les considérant isolément, on ne puisse en méconnaître les qualités mélodiques ».