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instrumentistes, que Wagner avait souvent traités fort rudement aux répétitions, saisirent l’occasion de se venger[1]. Ils introduisirent dans l’harmonie des dissonances voulues en diésant ou bémolisant leurs parties ; dans la scène du pâtre, le hautbois nasilla des couacs désastreux. Comme, au dire de Gasperini, Mlle Reboux chantait faux, l’effet était complet, et l’on conçoit que les rires aient commencé à l’audition de cette inoffensive cantilène. Quant à Dietsch, dont la molle direction fut incriminée par Wagner, fut-il coupable de mauvaise volonté ou seulement d’inexpérience, il est bien difficile de s’en rendre compte à distance. Pour la marche du second acte, un des rares morceaux qui furent applaudis, presque tous les journaux du temps reconnaissent qu’elle a été admirablement exécutée par l’orchestre. Cependant G. Héquet écrivait dans l’Illustration (23 mars) que cette marche, lorsqu’il l’entendit à Wiesbaden, jouée par huit violons au lieu des vingt et un de l’Opéra, lui avait paru d’un « éclat merveilleux d’instrumentation que l’exécution parisienne a singulièrement amorti ». Récemment nommé chef à l’Opéra, fort timide, Dietsch devait avoir peu d’au-

  1. Sur cette hostilité des instrumentistes, voir le récit de M. Cormon. Journal des Débats du 27 avril.