ci, qui fut jugée très impertinente : « Que pourrait-il entendre alors, si ce n’est quelque mélodie à l’italienne ? »
Le Figaro, qui devait pendant des mois dénigrer Wagner avec une hostilité systématique, ouvrit cependant son feuilleton à M. Ch. de Lorbac, pour y publier la biographie du maître allemand (no du 21 février 1861)[1]. La vie de Wagner y est racontée d’après Fétis, avec quelques anec-
- ↑ L’histoire de cette publication est assez curieuse ;
M. de Lorbac me l’a racontée lui-même ; — Il avait entendu
Tannhæuser en Allemagne et cette œuvre l’avait
séduit. Aussi, dans la candeur de ses illusions juvéniles,
était-il indigné de la méchanceté et de la mauvaise foi
avec lesquelles le Figaro attaquait Wagner. Il alla un
matin trouver Villemessant pour lui exprimer vertement
sa manière de penser et lui fit une sortie tellement violente
qu’il s’attendait à être mis à la porte.
Quand il eut fini, Villemessant, qui l’avait écouté très tranquillement, tout en se faisant la barbe, se retourna et lui dit : — Très bien, jeune homme ! Votre ardeur me plaît. Ainsi pour vous, Wagner est un grand artiste. Ce que vous venez de me dire sur lui, voulez-vous l’écrire dans le Figaro ?
— Comment ! dans un journal où la critique musicale est confiée à votre gendre Jouvin, un ennemi déclaré de Wagner ?
— Mais oui, ce sera bien plus amusant ! Je me réjouis de voir la tête démon gendre quand il lira votre article. Seulement, n’en dites rien !
Ainsi fut fait. Tout Villemessant est dans cette anecdote. — Voir aussi le National du 7 octobre 1891.