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de son talent, si clairement exprimée d’ailleurs par les profondes divergences de ses œuvres.

Entre les années 1885 et 1886 naquit la polémique violente engagée au sujet de la mise à l’étude de Lohengrin à l’Opéra-Comique. Ainsi que je l’ai rappelé plus haut, à l’occasion de l’incident Neumann (1881-1882), M. Carvalho avait déjà songé, il y a vingt ans, à monter Lohengrin au Théâtre-Lyrique. J’ai brièvement indiqué les diverses combinaisons théâtrales qui ont tendu à l’exécution de cet ouvrage en allemand, en français ou en italien. En 1882, M. Reyer combattait les défiances de Wagner à l’égard des Parisiens en affirmant que nous étions mûrs pour l’œuvre. L’idée, abandonnée par M. Neumann, fut immédiatement reprise par M. Strakosch, imprésario d’opéra italien qui destinait le rôle d’Elsa à Mme Anna de Belocca, mais ce projet n’eut pas de suite. Enfin, en 1884, après l’immense succès du premier acte de Tristan au concert Lamoureux, M. Carvalho crut le moment favorable pour inscrire Lohengrin à son répertoire. La vogue de Mlle Heilbron, destinée à jouer Elsa, le talent de chanteur de M. Talazac semblaient répondre du succès. Un an après seulement, M. Carvalho, ayant pris l’attache du ministre de l’instruction publique et des beaux-arts, put s’entendre avec M. Gross, exécuteur testamentaire de Wagner au sujet de la représentation de Lohengrin à l’Opéra-Comique, projetée