nous préférons, nous aussi, que Lohengrin n’ait pas été joué à l’Opéra-Comique, car nous aurions peut-être vu, — c’est M. Reyer qui a signalé le péril, — un Lohengrin arrangé pour la scène parisienne, tronqué, modifié, avec un dénouement inédit et une figuration insuffisante, comme nous avons eu, au Théâtre-Lyrique, la version Carvalho pour Fidelio, Don Juan, la Flûte enchantée, Cosi fan tutte. C’est une manie toute française que ce besoin de ravauder les productions des poètes ou des artistes étrangers. Quand on ne massacre pas Shakspeare, on bouleverse les opéras de Mozart et les symphonies de Beethoven ! Jusqu’ici du moins, les œuvres de Wagner ont été sauvées de ces mutilations par l’ostracisme attaché au nom de l’auteur. Si, comme les journaux l’ont annoncé, M. Lamoureux donne cette année à l’Éden des représentations de Lohengrin, le directeur joindra, je l’espère, au respect du texte, la précision parfaite de l’exécution à laquelle le chef d’orchestre nous a habitués dans ses concerts. D’ailleurs, à ce que m’ont rapporté des Français revenant d’un voyage en Bavière, cet infatigable et zélé propagateur de la musique de Wagner est honoré en Allemagne comme un apôtre du dieu de Bayreuth ; aussi, de sa part, toute infidélité à la mise en scène con-
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