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moindre absurdité qu’ait écrite M. Albert Wolff sur ces représentations de Bayreuth. Depuis dix ans qu’il est achevé, le Théâtre-Wagner existe encore et, cet été même, on y a représenté Tristan et Parsifal avec un immense succès.

Combien différentes sont les correspondances adressées au Gaulois par M. C. Mendès ! Sa lettre du 18 août dépeignait la physionomie de la ville, le public du théâtre, les wagnériens ; dans celles du 19, du 23 et du 24, le poète évoquait, en un style sobre et large, les actions héroïques de ce drame immense. On trouvera ces lettres réimprimées dans le volume de M. C. Mendès sur R. Wagner, publié récemment. Elles traitent plutôt du poème que de la musique. Après avoir essayé de rattacher cette grande œuvre à la tragédie eschylienne, aux mystères du Moyen-Âge et au drame shakspearien, il renonçait à rechercher de telles analogies, disant : — « Mais non, on se trouve ici en présence d’un art dramatique qui se rattache mal aux arts dramatiques connus jusqu’à ce jour et d’où émane une émotion nouvelle, incomparablement puissante et délicieuse[1]. »

Tout aussi dithyrambiques furent les correspondances envoyées à l’Estafette[2] par M. Cam. Saint-Saëns, rédacteur musical de ce journal. Non seulement, le savant compositeur, depuis longtemps

  1. Au mois d’août 1876, M. Cat. Mendès avait d’ailleurs publié dans le Gaulois une série d’articles sur les œuvres dramatiques de Wagner antérieures à l’Anneau du Nibelung.
  2. Numéros des 19, 20, 21, 26 et 28 août 1876.