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vie réelle, ce qui lui fut d’autant plus facile que la vie même n’était qu’une convention théâtrale. » Aussi, ce théâtre n’est qu’un art de virtuosité et le malheur est qu’il ait envahi les scènes allemandes.

À une critique acerbe du caractère simiesque des Français et de leur culture conventionnelle propagée par le théâtre, succède un dithyrambe en l’honneur des poètes allemands et surtout de Gœthe et de Schiller. Le progrès idéal résultant de leur œuvre fut détruit par leur successeur Kotzebue. Celui-ci, — démon funeste à l’essor politique de l’Allemagne, — excita et mit en jeu dans ses pièces « tout ce qu’il y avait de mauvais penchants, de mauvaises habitudes et de mauvaises dispositions, tant chez le public que chez les acteurs. », il sut exploiter le genre scabreux et dota ainsi l’Allemagne « d’un nouveau développement théâtral ». Ce « corrupteur de la jeunesse allemande » fut assassiné par un étudiant, vengeur du génie allemand.

Mais, dès ce moment, la cause de Kotzebue fut épousée par les princes qui mirent à la tête de leurs théâtres des gentilshommes de la cour, lesquels « s’en tinrent aux modes parisiennes ; on les fit venir et on les imita ». Suit une critique très vive des théâtres de cour et de la corruption du goût produite par l’influence française. L’abaissement du théâtre allemand se mesure aux succès qui accueillirent les opéras de Guillaume Tell et de Faust, malgré le saccage commis dans les poèmes de Gœthe et de