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écrivains compétents. Ce n’est pas ma faute si, pendant longtemps, les rares partisans de Wagner ont été moins nombreux que ses détracteurs fanatiques et moins écoutés que les vulgaires faiseurs de méchants bons mots. De telles résurrections servent à faire éclater le ridicule des jugements absolus, des condamnations hâtives, montrent le danger de nier brutalement des œuvres dont on n’a pas su apprécier tout d’abord la valeur d’originalité.

Si les moqueries des sceptiques, le dénigrement opiniâtre, les attaques des pédants n’ont abouti qu’à la consécration solennelle de la gloire de Wagner, les défaillances morales de l’homme, si haut qu’on les ait proclamées, ne prévaudront pas contre le génie de l’artiste.

L’ignorance, la routine et le parti-pris ont été les premières causes de l’opposition acharnée contre laquelle s’est heurtée, en France, pendant longtemps, la musique de Wagner. Quand le public parut vouloir s’émanciper de la tutelle où le tenaient les arbitres du goût et prononcer lui-même sur les partitions mal famées, on appela fort à propos le sentiment patriotique au secours des dogmes ébranlés. Wagner a bien écrit, en 1871, une Ode à l’armée allemande devant Paris et le Kaisermarsch à la gloire de l’empe-