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Et voicy ſaillir ventz de l’huys,
Le corps bieu fis-ie, ſuis-ie prins,
Et ie ſaulx tout ainſi trempé,
Si ne ſerai-ie point happé,
Ie m’en vais, ie n’ai point ſoupé,
Ie puz, ie ſens, ie ſuis infect :
Venrtrebieu ie ſuis bien trompé,
Fis-ie en moi ſi n’ai rien faict,
Ie voi mon lict qui n’eſt pas faict,
Il n’y a ne feu ne chandelle,
Ie couchay la nuict en effet
Sans changer pourpoinct ni cotelle :
Au matin ie viens vers la Belle
Ung peu devant le ſoleil levant,
Quelque peine que i’euſſe pour elle,
I’eſtoye mieux prins que par devant,
Et Dieu gard & Dieu vous avant,
Comme va & bien ma mye,
Sur ma foy ie vous ayme tant
Que ie ne ſçai plus que i’en dye,
Si ſuis-ie, bien en melancolie
De ce que i’ay ſentu icy.
Ha ! ſe dis ie, ma doulce amye,
C’eſt le ruiſſeau qui put ainſi,
Deux amoureux ſur un eſtat
Ils ne vivent pas ſans ſoulcy.
Pauvres amans de Portugal,