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Ha que vous eſtes ennuyant,
Se me dict la chienne maſtine !
Voire voicy bien ſigne
Que vous m’aymez par deſhonneur,
Il ſemble que ie ne ſois pas digne
D’avoir à mari tel Seigneur.
Ha, ha ! ſe dis-ie, ſa voſtre honneur
Aultre choſe ie ne demande,
Mais on le faict de meilleur cueur
Quand on cognoiſt ce qu’on marchande.
Coment m’appellez-vous bien marchãde.
À qui parlez-vous ie ne ſçai,
Mais il n’eſt ſi bonne viande
Que celle qu’on prent à l’eſſay,
À bien peu que ie ne la laiſſay,
Tant me rebroua laidement ;
Et ſi n’avois-ie ne faim ne ſoif
Tant ie l’aymoye parfaictement.
Ha, ha ! ſe dis-ie mamour, comment
Me laiſſez-vous geſir au plaſtre ?
Il me ſembloit hier tant ſeulement
Qu’il ne falloit que vous abattre.
Vous garçon, vous meſchant follaſtre,
Venez-vous pour moi requerir,
Ie vous ferai ſi très-bien battre
Qu’il vous ſouviendra de mourir,
Et moy d’aller & de courir,

A iij